L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a désigné la résistance aux antimicrobiens comme l’une des 10 principales menaces mondiales pour la santé publique auxquelles est confrontée l’humanité.
11 novembre 2021
L’OMS prévoit que l’émergence de superbactéries résistantes aux traitements actuels entraînera des dépenses de santé supplémentaires de 1,2 billion (soit mille milliards) de dollars américains par an d’ici 2050. L’OMS a donc été chargée de coordonner une réponse mondiale à cette menace émergente.
Que sont les antimicrobiens?
Un antimicrobien est une substance qui tue les micro-organismes ou en freine la croissance. Les antibiotiques, les antiviraux, les antifongiques et les antiparasitaires sont des exemples d’antimicrobiens. Ceux-ci sont utilisés pour prévenir et traiter les infections.
L’ère moderne des antibiotiques a commencé en 1928 lorsque Sir Alexander Fleming a fait accidentellement l’extraordinaire découverte de la pénicilline. Depuis ce temps, le développement des antimicrobiens a transformé la médecine moderne et sauvé des millions de vies. Par conséquent, toute résistance à l’usage courant des antimicrobiens constitue un problème important. Les agents pathogènes (bactéries, virus, champignons et parasites) évoluent et peuvent développer la capacité de survivre au traitement par les antimicrobiens existants. Ce phénomène, appelé résistance aux antimicrobiens, entraîne une transmission accrue de maladies et d’infections difficiles à traiter.
Pourquoi la résistance aux antimicrobiens est-elle si préoccupante?
Les antimicrobiens sont au cœur de la médecine moderne. Ils ont contribué à augmenter de façon importante l’espérance de vie au 20e siècle. Mais, selon le National Institute for Health and Care Excellence, les infections résistantes aux antimicrobiens causent désormais au moins 700 000 décès par an dans le monde.
Malheureusement, les choses empirent et la résistance aux antimicrobiens augmente. Selon l’OMS, cette situation est due à une utilisation excessive et abusive d’antibiotiques chez les humains et les animaux, ainsi qu’à une mauvaise prévention et un mauvais contrôle des infections. Bien qu’à la base, la résistance aux antimicrobiens soit inévitable en raison de la sélection naturelle, le mauvais usage et l’utilisation excessive d’antibiotiques accélèrent le problème.
Plusieurs pays ont tenté de remédier à la situation. Au Royaume-Uni par exemple, le ministère de la Santé et des Services sociaux a mis en place à partir de 2013 une stratégie quinquennale de résistance aux antimicrobiens. Son objectif : ralentir le développement et la propagation de la résistance aux antimicrobiens. Cette stratégie a entraîné une diminution de 4,5 % des prescriptions d’antibiotiques en Angleterre entre 2013 et 2017. En outre, l’OMS a déclaré une Semaine mondiale pour un bon usage des antibiotiques (cette année du 18 au 24 novembre) qui vise à sensibiliser et à élaborer des stratégies de lutte contre ce grave problème émergent. Malheureusement, malgré ces efforts, la résistance aux antimicrobiens reste l’un des plus grands défis mondiaux pour les fournisseurs de soins de santé. Dans les pays développés, on s’attend maintenant à ce que les infections courantes puissent être traitées. Cette attente est cependant menacée par l’émergence constante d’agents pathogènes résistants aux médicaments qui sont offerts à l’heure actuelle.
On a observé une résistance à la quasi-totalité des antibiotiques qui ont été développés. Il est donc essentiel de produire de nouveaux antibiotiques. Cependant, les futurs développements ne sont pas très prometteurs. Seuls quelques nouveaux antibiotiques en cours de développement sont classés comme « innovants ». La pénurie d’antibiotiques causée par la résistance aux antimicrobiens est un problème qui ne se limite pas à certaines régions. Il touche en effet tous les pays développés et en développement.
La résistance observée aujourd’hui est un problème relativement récent. Dans les années 1960, 1970 et 1980, parce que de nouveaux antimicrobiens étaient sans cesse produits, lorsqu’une infection devenait résistante à un médicament, un autre médicament pouvait être administré à sa place. Les antibiotiques ont permis de sauver des vies et joué un rôle de premier plan dans les progrès réalisés en médecine et en chirurgie. En plus de traiter des infections courantes, ils sont essentiels à la gestion de maladies plus graves. Ils permettent par exemple de traiter ou de prévenir les infections chez les patients qui reçoivent une chimiothérapie, ainsi que chez les personnes qui souffrent de maladies chroniques ou qui se rétablissent d’une chirurgie.
Et si les antibiotiques cessaient de fonctionner?
Les antibiotiques sont devenus si courants dans les sociétés développées qu’il est désormais difficile d’imaginer un monde sans eux. Mais, il est fort possible que nous arrivions à un point où les antibiotiques efficaces seront peu nombreux, voire inexistants. Si l’on considère les répercussions d’une telle situation, le tableau est sombre.
Selon le médecin en chef de l'Angleterre, les antimicrobiens ajoutent en moyenne 20 ans à l’espérance de vie dans le monde. Alors, verrons-nous une forte baisse de l’espérance de vie alors que des maladies courantes et complexes connues ne pourront plus être traitées avec autant d’efficacité? En 1920, aux États-Unis, l’espérance de vie à la naissance était d’environ 53 ans. Aujourd’hui, elle est de près de 80 ans. Cette hausse est attribuable en grande partie à la découverte et au développement des antibiotiques.
L’étude britannique sur la résistance aux antimicrobiens estime que la disparition de tous les antimicrobiens entraînerait à elle seule 10 millions de décès supplémentaires par an d’ici 2050. Pour mettre les choses en perspective, ce chiffre est supérieur au nombre annuel de décès attribuables à tous les cancers.
Le coût de la résistance aux antimicrobiens va au-delà des répercussions sur la santé des particuliers. Il s’étend à l’économie et au système de santé des pays en raison des séjours prolongés à l’hôpital et de la nécessité de recourir à des soins plus coûteux et plus intensifs.
Qu’est-ce que cela signifie pour les régimes de retraite et les assureurs?
Les conséquences possibles sont nombreuses. La gravité du problème est clairement reconnue à l’échelle mondiale. Cela pourrait servir de catalyseur pour des changements et des améliorations d’importance, tant dans l’utilisation des antibiotiques que dans le développement d’autres traitements. Toutefois, si les efforts ne portent pas des fruits, il y a risque de diminution importante de l’espérance de vie et de nombreux décès supplémentaires.
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